19.7.05

Annexe

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  • TO HELEN By Edgar Allan Poe.

    I saw thee once-- once only -- years ago:
    I must not say how many -- but not many.
    It was a July midnight; and from out
    A full-orbed moon, that, like thine own soul, soaring,
    Sought a precipitate pathway up through heaven,
    There fell a silvery-silken veil of light,
    With quietude, and sultriness, and slumber,
    Upon the upturned faces of a thousand
    Roses that grew in an enchanted garden,
    Where no wind dared to stir, unless on tiptoe --
    Fell on the upturn`d faces of these roses
    That gave out, in return for the love-light,
    Their odorous souls in an ecstatic death --
    Fell on the upturn`d faces of these roses
    That smiled and died in this parterre, enchanted
    By thee, and by the poetry of thy presence.

    Clad all in white, upon a violet bank
    I saw thee half reclining; while the moon
    Fell on the upturn`d faces of the roses,
    And on thine own, upturn`d- alas, in sorrow!

    Was it not Fate, that, on this July midnight-
    Was it not Fate, (whose name is also Sorrow,)
    That bade me pause before that garden-gate,
    To breathe the incense of those slumbering roses?
    No footstep stirred: the hated world an slept,
    Save only thee and me. (Oh, Heaven!- oh, God!
    How my heart beats in coupling those two words!)
    Save only thee and me. I paused- I looked-
    And in an instant all things disappeared.
    (Ah, bear in mind this garden was enchanted!)

    The pearly lustre of the moon went out:
    The mossy banks and the meandering paths,
    The happy flowers and the repining trees,
    Were seen no more: the very roses` odors
    Died in the arms of the adoring airs.
    All- all expired save thee- save less than thou:
    Save only the divine light in thine eyes-
    Save but the soul in thine uplifted eyes.
    I saw but them- they were the world to me!
    I saw but them- saw only them for hours,
    Saw only them until the moon went down.
    What wild heart-histories seemed to lie enwritten

    Upon those crystalline, celestial spheres!
    How dark a woe, yet how sublime a hope!
    How silently serene a sea of pride!
    How daring an ambition; yet how deep-
    How fathomless a capacity for love!

    But now, at length, dear Dian sank from sight,
    Into a western couch of thunder-cloud;
    And thou, a ghost, amid the entombing trees
    Didst glide away. Only thine eyes remained;
    They would not go- they never yet have gone;
    Lighting my lonely pathway home that night,
    They have not left me (as my hopes have) since;
    They follow me- they lead me through the years.
    They are my ministers -- yet I their slave.
    Their office is to illumine and enkindle --
    My duty, to be saved by their bright light,
    And purified in their electric fire,
    And sanctified in their elysian fire.
    They fill my soul with Beauty (which is Hope),
    And are far up in Heaven -- the stars I kneel to
    In the sad, silent watches of my night;
    While even in the meridian glare of day
    I see them still -- two sweetly scintillant
    Venuses, unextinguished by the sun!


    A HELENE Traduit par Mallarmé.

    Je te vis une fois - une seule fois - il y a des années : combien, je ne le dois pas dire, mais peu. C’était un minuit de Juillet ; et hors du plein orbe d’une lune qui, comme ton âme même s’élevant, se frayait un chemin précipité au haut du ciel, tombait de soie et argenté un voile de lumiere, avec quiétude et chaud accablement et sommeil, sur les figures levées de mille roses qui croissaient dans un jardin enchanté, où nul vent n’osait bouger, si ce n’est sur la pointe des pieds ; - il tombait sur les figures levées de ces roses qui rendaient, en retour de la lumière d’amour, leurs odorantes âmes en une mort extatique ; - il tombait sur les figures levées de ces roses qui souriaient et mouraient en ce parterre, enchanté - par toi et par la poésie de ta présence. Tout de blanc habillée, sur un banc de violette, je te vis à demi-gisante, tandis que la lune, tombait sur les figures levées de ces roses, et sur la tienne même, levée, hélas ! dans le chagrin.

    N’était-ce pas la destinée, qui, par ce minuit de Juillet, - n’était-ce pas la destinée, dont le nom est aussi chagrin, - qui me commanda cette pause devant la grille du jardin pour respirer l’encens de ses sommeillantes roses ? Aucun pas ne s’agitait : le monde détesté tout entier dormait, excepté seulement toi et moi (oh ! cieux ! - oh ! Dieu ! comme mon coeur bat d’accoupler ces deux noms !), excepté seulement toi et moi. - Je m’arrêtai, - je regardai, - et en un instant toutes choses disparurent. (Ah ! - aie en l’esprit ceci que le jardin était enchanté !) Le lustre perlé de la lune s’en alla : les bancs de mousse et le méandre des sentiers, les fleurs heureuses et les gémissants arbres ne se firent plus voir : des roses mêmes l’odeur mourut dans les bras des airs adorateurs. Tout, - tout expira, sauf toi, sauf moins que toi, sauf seulement la divine lumière en tes yeux, sauf rien que l’âme en tes yeux levés. Je ne vis qu’eux ; - ils étaient le monde pour moi. Je ne vis qu’eux, - les vis seulement pendant des heures, - les vis seulement jusqu’alors que la lune s’en alla. Quelles terribles histoires du coeur semblèrent inscrites sur ces cristallines, célestes sphères ! Quelle mer silencieusement sereine d’orgueil ! Quelle ambition osée ! pourtant quelle profonde, quelle insondable puissance pour l’amour !

    Mais voici qu’à la fin la chère Diane plongea hors de la vue dans la couche occidentale d’un nuage de foudre : et toi, fantôme, parmi le sépulcre des arbres, te glissas au loin. Tes yeux seulement demeurèrent. Ils ne voulurent pas partir ; - ils ne sont jamais partis encore !

    Eclairant ma route solitaire à la maison cette nuit- là, ils ne m’ont pas quitté (comme firent mes espoirs) depuis. Ils me suivent, ils me conduisent à travers les années. Ils sont mes ministres ; pourtant je suis leur esclave. Leur office est d’illuminer et d’embraser ; - mon devoir, d’être sauvé par leur brillante lumière, et purifié dans leur feu électrique, et sanctifié dans leur feu élyséen. Ils emplissent mon âme de beauté (qui est espoir), et sont loin, au haut des cieux, - les étoiles devant qui je m’agenouille dans les tristes, taciturnes veilles de ma nuit ; tandis que, même dans le rayonnement méridien du jour, je les vois encore, - deux suaves, scintillantes Vénus, inextinguibles au soleil.




    A PSALM OF LIFE By Henry Wadsworth Longfellow.

    What The Heart Of The Young Man Said To The Psalmist

    Tell me not, in mournful numbers,
    Life is but an empty dream!
    For the soul is dead that slumbers,
    And things are not what they seem.

    Life is real! Life is earnest!
    And the grave is not its goal;
    Dust thou art, to dust returnest,
    Was not spoken of the soul.

    Not enjoyment, and not sorrow,
    Is our destined end or way;
    But to act, that each to-morrow
    Find us farther than to-day.

    Art is long, and Time is fleeting,
    And our hearts, though stout and brave,
    Still, like muffled drums, are beating
    Funeral marches to the grave.

    In the world`s broad field of battle,
    In the bivouac of Life,
    Be not like dumb, driven cattle!
    Be a hero in the strife!

    Trust no Future, howe`er pleasant!
    Let the dead Past bury its dead!
    Act, - act in the living Present!
    Heart within, and God o`erhead!

    Lives of great men all remind us
    We can make our lives sublime,
    And, departing, leave behind us
    Footprints on the sands of time;

    Footprints, that perhaps another,
    Sailing o`er life`s solemn main,
    A forlorn and shipwrecked brother,
    Seeing, shall take heart again.

    Let us, then, be up and doing,
    With a heart for any fate;
    Still achieving, still pursuing,
    Learn to labor and to wait.



    LE PSAUME DE LA VIE Traduit par Sir Tollemache Sinclair.

    Ah ! ne me dites pas en vers mélancoliques
    Que « la vie est un rêve, un songe, dont tous tremblent ».
    Morts, hélas ! sont les coeurs qui dorment apathiques,
    Les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent.

    Vivre est Réalité ! Jamais on ne l’ajourne !
    Ici-bas le tombeau n’est pas sa fin mortelle.
    « Tu viens de la poussière, en poussière retourne. »
    Ces mots n’ont pas été dits de l’âme immortelle.

    Ni le plaisir ardent ni le cuisant chagrin
    Ne peut être le but de l’âme, ni l’appui.
    Car nous devons agir, de sorte que demain
    Sur la route nous voie, et plus loin qu’aujourd’hui.

    L’Art marche lentement, le Temps vite se hâte,
    Notre coeur est ardent ; quoiqu’il soit brave et beau,
    Comme un tambour de deuil pourtant il faut qu’il batte
    Des marches funèbres vers le morne tombeau.

    Le monde est seulement un grand champ de bataille ;
    Pour toi, doux chevalier, la vie est un champ clos,
    Ne suis pas le troupeau ; là, malgré la mitraille,
    Sois premier au combat ; blessé, tombe en héros.

    Et jamais ne te fie à l’avenir plaisant !
    Que le Passé soit mort, qu’il enterre ses morts !
    Agis, agis toujours dans le vivant présent,
    Un coeur dans ta poitrine, au ciel le Dieu des forts !

    Les grands hommes toujours le montrent par leur vie,
    Notre vie est à nous, sublime pour longtemps,
    Qu’en mourant nous puissions laisser, comme un génie,
    Les traces de nos pas sur les sables du Temps.

    Et ces traces, un jour, un autre être affligé,
    Voguant sur l’Océan solennel de la vie,
    Pauvre frère en misère, et seul et naufragé,
    En les voyant, Peut-être aura plus d’énergie.

    Debout donc, agissons, marchons toujours avant,
    Avec un coeur puissant, et défiant le sort,
    Marchant vers notre but, toujours le poursuivant,
    Apprenons le travail, l’espoir, jusqu’à la mort !





    ELEGY WRITTEN IN
    A COUNTRY CHURCH-YARD By Thomas Gray.


    The curfew tolls the knell of parting day,
    The lowing herd winds slowly o'er the lea,
    The ploughman homeward plods his weary way,
    And leaves the world to darkness and to me.

    Now fades the glimmering landscape on the sight,
    And all the air a solemn stillness holds,
    Save where the beetle wheels his droning flight,
    And drowsy tinklings lull the distant folds:

    Save that from yonder ivy-mantled tower
    The moping owl does to the moon complain
    Of such as, wandering near her secret bower,
    Molest her ancient solitary reign.

    Beneath those rugged elms, that yew-tree's shade,
    Where heaves the turf in many a mouldering heap,
    Each in his narrow cell for ever laid,
    The rude Forefathers of the hamlet sleep.

    The breezy call of incense-breathing morn,
    The swallow twittering from the straw-built shed,
    The cock's shrill clarion, or the echoing horn,
    No more shall rouse them from their lowly bed.

    For them no more the blazing hearth shall burn,
    Or busy housewife ply her evening care:
    No children run to lisp their sire's return,
    Or climb his knees the envied kiss to share,

    Oft did the harvest to their sickle yield,
    Their furrow oft the stubborn glebe has broke;
    How jocund did they drive their team afield!
    How bow'd the woods beneath their sturdy stroke!

    Let not Ambition mock their useful toil,
    Their homely joys, and destiny obscure;
    Nor Grandeur hear with a disdainful smile
    The short and simple annals of the Poor.

    The boast of heraldry, the pomp of power,
    And all that beauty, all that wealth e'er gave,
    Awaits alike th' inevitable hour:-
    The paths of glory lead but to the grave.

    Nor you, ye Proud, impute to these the fault
    If Memory o'er their tomb no trophies raise,
    Where through the long-drawn aisle and fretted vault
    The pealing anthem swells the note of praise.

    Can storied urn or animated bust
    Back to its mansion call the fleeting breath?
    Can Honour's voice provoke the silent dust,
    Or Flattery soothe the dull cold ear of Death?

    Perhaps in this neglected spot is laid
    Some heart once pregnant with celestial fire;
    Hands, that the rod of empire might have sway'd,
    Or waked to ecstasy the living lyre:

    But Knowledge to their eyes her ample page,
    Rich with the spoils of time, did ne'er unroll;
    Chill Penury repress'd their noble rage,
    And froze the genial current of the soul.

    Full many a gem of purest ray serene
    The dark unfathom'd caves of ocean bear:
    Full many a flower is born to blush unseen,
    And waste its sweetness on the desert air.

    Some village-Hampden, that with dauntless breast
    The little tyrant of his fields withstood,
    Some mute inglorious Milton here may rest,
    Some Cromwell, guiltless of his country's blood.

    Th' applause of list'ning senates to command,
    The threats of pain and ruin to despise,
    To scatter plenty o'er a smiling land,
    And read their history in a nation's eyes,

    Their lot forbad: nor circumscribed alone
    Their growing virtues, but their crimes confined;
    Forbad to wade through slaughter to a throne,
    And shut the gates of mercy on mankind,

    The struggling pangs of conscious truth to hide,
    To quench the blushes of ingenuous shame,
    Or heap the shrine of Luxury and Pride
    With incense kindled at the Muse's flame.

    Far from the madding crowd's ignoble strife,
    Their sober wishes never learn'd to stray;
    Along the cool sequester'd vale of life
    They kept the noiseless tenour of their way.

    Yet e'en these bones from insult to protect
    Some frail memorial still erected nigh,
    With uncouth rhymes and shapeless sculpture deck'd,
    Implores the passing tribute of a sigh.

    Their name, their years, spelt by th' unletter'd Muse,
    The place of fame and elegy supply:
    And many a holy text around she strews,
    That teach the rustic moralist to die.

    For who, to dumb forgetfulness a prey,
    This pleasing anxious being e'er resign'd,
    Left the warm precincts of the cheerful day,
    Nor cast one longing lingering look behind?

    On some fond breast the parting soul relies,
    Some pious drops the closing eye requires;
    E'en from the tomb the voice of Nature cries,
    E'en in our ashes live their wonted fires.

    For thee, who, mindful of th' unhonour'd dead,
    Dost in these lines their artless tale relate;
    If chance, by lonely contemplation led,
    Some kindred spirit shall inquire thy fate, --

    Haply some hoary-headed swain may say,
    Oft have we seen him at the peep of dawn
    Brushing with hasty steps the dews away,
    To meet the sun upon the upland lawn;

    'There at the foot of yonder nodding beech
    That wreathes its old fantastic roots so high.
    His listless length at noontide would he stretch,
    And pore upon the brook that babbles by.

    'Hard by yon wood, now smiling as in scorn,
    Muttering his wayward fancies he would rove;
    Now drooping, woeful wan, like one forlorn,
    Or crazed with care, or cross'd in hopeless love.

    'One morn I miss'd him on the custom'd hill,
    Along the heath, and near his favourite tree;
    Another came; nor yet beside the rill,
    Nor up the lawn, nor at the wood was he;

    'The next with dirges due in sad array
    Slow through the church-way path we saw him borne,-
    Approach and read (for thou canst read) the lay
    Graved on the stone beneath yon aged thorn.'


    The Epitaph
    Here rests his head upon the lap of Earth
    A youth to Fortune and to Fame unknown.
    Fair Science frowned not on his humble birth,
    And Melacholy marked him for her own.

    Large was his bounty, and his soul sincere,
    Heaven did a recompense as largely send:
    He gave to Misery all he had, a tear,
    He gained from Heaven ('twas all he wish'd) a friend.

    No farther seek his merits to disclose,
    Or draw his frailties from their dread abode
    (There they alike in trembling hope repose),
    The bosom of his Father and his God.


    ELEGIE Traduit par Sir Tollemache Sinclair.

    La cloche du couvre-feu sonne le glas du jour s’en allant,Les troupeaux mugissants errent lentement à travers l’herbage,Le laboureur bien fatigué rentre chez lui très doucement.Le monde reste pour moi et pour l'obscurité en partage.Au crépuscule tombant, le paysage fuit à la vue,Et l’air silencieux garde un repos sacré, presque surhumain,Sauf quand l’escarbot chante sa chanson en volée éperdue.Ou que des tintements pesants endorment quelque parc lointain ;Excepté que, sur cette tour-là, de lierre toute couverte,Le hibou dormant se plaint doucement à la lune, tout bas,De ceux qui, vaguant vers le soir près de sa demeure si verte,Molestent son obscur royaume solitaire par leurs pas.Sous ces anciens ormes raboteux et sous l’ombre de cet if,Où le gazon, en de petits monticules pourris, s’élève,Chacun d’eux dans son étroite cellule pour toujours captif,Les rudes aïeux du village continuent leur long rêve.L’appel si frais du matin délicieux exhalant son encens,L’hirondelle matinale gazouillant en son nid de paille,Le chant aigu du coq, ni le cor résonnant, si doux aux sens,Ne les éveilleront jamais plus de leur dur lit de pierraille.Car jamais plus ne brûlera pour eux le doux foyer flambant,Aucune épouse ne les accueillera de son doux sourire,Les enfants ne souriront plus jamais au père retournant ;Grimpant sur ses genoux pour recevoir ses baisers dans un rire.Autrefois le blé mûr sous leur faucille tomba bien souvent,Le sol a souvent été fendu par le soc de leur charrue,Avec quelle joie ils ont mené leur lourd attelage au champ !Comme les bois s’affaissaient sous les coins pesants de leur massue !Mais que l’ambition ne se moque jamais de leur oeuvre utile,De leurs bonheurs domestiques, et de leur destin trop obscur ;Que la grandeur n’écoute, d’un sourire parfois plein de bile,Les simples et courtes annales de ces pauvres au coeur pur.La vanterie héraldique et la vaine pompe du pouvoir,Tout ce que la beauté, même les richesses jamais ne donnent,Attendent également l’heure inévitable, et sans espoir.Qu’au tombeau seul les chemins si beaux de la gloire nous moissonnent.Et vous, hommes bien trop fiers, n’imputez pas à ceux-ci la fauteSi la Mémoire n’éleva nul trophée sur leurs tombeaux,Où s’entend, à travers l’aile allongée et la voûte si hauteL’antienne résonnant de la prière les accents si beaux.Une urne historique peut-elle, ou bien même une image aimante,Rappeler l’âme envolée vers le corps qu’elle abandonna ?L’honneur peut-il faire revivre la poussière dégradante ?Est-ce qu’à l’oreille de la Mort la flatterie plaira ?Peut-être que ce triste lieu si négligé peut contenirUn coeur maintenant méprisé, jadis rempli du feu céleste,Des mains qui le sceptre doré d’un empire auraient pu brandir,Ou bien éveiller à l’extase une belle lyre modeste.Mais à leur intellect borné le Savoir sa glorieuse pageN’a jamais déroulée, si riche des dépouilles du temps ;L’accablante pénurie réprima leur bien noble rage,Et gela le doux cours du coeur, bercé par les plaisirs ardents.Plus d’un bijou, de la beauté la plus pure et la plus sereine,Dans les cavernes de l’Océan par le sable est tout couvert ;Plus d’une fleur naît sans être jamais vue, sa grâce est vaine,Et va dissipant son parfum si délicieux dans l’air désert.Quelque pauvre Hampden villageois qui dans sa conscience fièreAu petit hobereau, tyran de ses maigres champs, résista,Un Milton sans gloire, ignoré, peut dormir dans ce cimetière,Quelque Cromwell obscur, qui le sang de son pays ne versa.D’obtenir les applaudissements des sénats très attentifs,Et de mépriser toutes les menaces de ruine et de peine,Sur un pays riant de semer l’abondance en dons votifs,Et de lire leur histoire dans les yeux d’une nation saine,Le sort leur refusa tout cela, non seulement arrêtantLeurs naissantes vertus, mais il restreignit encore leurs crimes,Leur défendit à tous d’atteindre un trône en marchant dans le SangSur l’humanité de fermer du pardon les portes sublimes.Les peines de la vérité il leur défendit de cacher,Et de dissimuler la rougeur d’une honte sans excuse ;Ou bien sur l’autel de l’orgueil et du vain luxe, de brûlerL’encens divin allumé par la flamme pure de la Muse.Loin de l’ignoble lutte de la foule causant la folie,Leurs voeux bien modérés n’apprirent jamais à vaguer en vain,Le long de la vallée fraîche et séquestrée de la vie,Ils conservèrent le courant tranquille de leur doux chemin.Pourtant, chaque tombe est de tout affront pour toujours protégéePar quelque fragile monument qui là vient à l’oeil s’offrir ;De rimes pauvres et de sculptures informes décorée,Elle implore le sympathique tribut d’un touchant soupir.Leurs noms obscurs, leurs âges, épelés par la Muse illettrée,La place du renom et des élégies vont nous fournir,Et elle répand plus d’un texte sacré dans cette contrée,Enseignant au moraliste rustique comme on doit mourir.Car quel est l’homme. à l’oubli muet se trouvant toujours en proie,Quel est l’être si plaisant et anxieux, à jamais résigné,Qui laissa l’enceinte chaude d’un beau jour si rempli de joie,Qui sur sa vie un regard d’envie et de regret n’a jeté ?À quelque coeur aimant l’âme tendre en quittant le corps se fie,De quelques larmes bien pieuses l’oeil en se fermant a besoin,Et même de la tombe la voix de la nature s’écrie,Même de leurs anciens feux nos froides cendres sont le témoin.Sur toi, qui t’occupant des morts couchés sans honneur et sans gloire,Dans ces lignes si simples leur histoire naïve dépeins,Si par hasard, conduit là par la contemplation transitoire,Un être sympathique demandait quels furent tes destins,Alors Peut-être que quelque vieillard aux cheveux blancs dirait :Nous l’avons aperçu souvent avant le lever de l’aurore,Dans sa marche rapide la douce rosée il enlevait,Pour contempler le soleil sur la verte colline qu’il dore.Là-bas, au pied de ce hêtre élevé, balancé par la brise,Entrelaçant ses vieilles racines fantastiques, si haut,Il étendait vers midi son corps que la fatigue maîtrise,Contemplant le ruisseau murmurant auprès, sous le soleil chaud.Tout près de ce bois ombragé, souriant comme avec dédain,Il errait chaque soir, en murmurant sa triste fantaisie ;Un moment il était pâle et blême, comme un homme incertain,Plein de souci, souffrant d’un amour sans espoir, plein d’apathie.Mais un jour, on ne le vit pas dans le vallon accoutumé,Près de son arbre favori, ni même parmi la bruyère ;Un autre jour passa, mais sur le bord du fleuve d’à côté,Ni sur l’herbe du bois, il n’était endormi sur la fougère.Le lendemain, avec des chants funèbres, tous mélancoliques,Lentement, au triste cimetière nous l’avons vu porter ;Approche, et lis (car tu peux les lire) les vers si sympathiquesQue pour lui, sur la pierre sous l’aubépine, on vient de graver.Sur son obscur tombeau, les premières violettes de l'annéePar des mains invisibles sont jonchées à chaque printemps,La colombe y fait son nid, et y chante toute la journée,Et légèrement s impriment sur la terre les pas d enfants.

    ÉPITAPHE

    Ci-gît, la tête reposant sur le sein sacré de la terre,Un homme qui fut de la fortune et du renom inconnu :En son humble naissance la science ne put jamais se plaire,Et la mélancolie le marqua comme un homme perdu.Sa bonté fut large, et son âme fut toujours toute sincère,Enfin une récompense aussi large le ciel envoya,Il donna ses larmes (tout ce qu’il possédait) à la misère,Un sincère ami (tout ce qu’il désirait), du Ciel il gagna.Ne cherche plus désormais ses mérites, car ils ne s’exposent,Ou n’enlève pas ses faiblesses de cet endroit si sacré,Là pareillement en espoir tremblant à jamais ils reposent,Dans le sein de son père clément et de son Dieu bien-aimé. Écrit dans un cimetière de campagne.

    1 Comments:

    At 20/02/2010 00:28, Blogger guyilannoa said...

    Dans la version d'origine l'Elegie de Gray, je ne trouve pas les mots suivants, "traduits" par
    Sir Tollemach Sinclair:

    Sur son obscur tombeau, les premières violettes de l'année
    Par des mains invisibles sont jonchées à chaque printemps,
    La colombe y fait son nid, et y chante toute la journée,
    Et légèrement s impriment sur la terre les pas d enfants.

    D'ou viennent-ils?
    Jonathan Goldberg
    www.Le-mot-juste-en-anglais.com
    Le.mot.juste.en.anglais@gmail.com

     

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